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Publié par christian guittard

© Reuters

source et suite de l'article www.mediapart.fr

PAR FABRICE ARFI ET KARL LASKE

 

Il s'agit de l'un des secrets les mieux gardés du clan Sarkozy. L'homme d'affaires Ziad Takieddine, principal suspect dans le volet financier de l'affaire Karachi, devait toucher en 2003 des commissions occultes d'un montant de 350 millions d'euros dans le cadre d'un marché d'armement avec l'Arabie saoudite, selon des documents comptables et des notes obtenus par Mediapart. Les fonds devaient être versés, sous l'autorité de Nicolas Sarkozy, via une société contrôlée par le ministère de l'intérieur.

Estimé à 7 milliards d'euros, le contrat «Saudi Border Guards Developpment Project», nom de code Miksa, avait pour objectif de sécuriser les frontières d'Arabie saoudite. Une première tranche de ce marché a finalement été obtenue par EADS en juillet 2009. Dans sa version initiale, il comportait la livraison d'hélicoptères, d'avions, de radars, de systèmes de communication ultra-sophistiqués...

 

Ziad Takieddine

 

Des notes adressées par Ziad Takieddine au cabinet Sarkozy en 2003 et 2004 attestent que l'homme d'affaires était devenu l'architecte en chef de ce marché pour le ministre de l'intérieur.

En 2003, précisément à cette période, les proches de Nicolas Sarkozy, au premier rang desquels Brice Hortefeux, alors député européen et membre du cabinet du ministre, sont invités à grands frais par le marchand d'armes sur son yacht La Diva et dans sa villa du cap d'Antibes, comme le prouvent des photographies publiées par Mediapart dimanche 10 juillet.

La signature par Nicolas Sarkozy de ce contrat d'armement mirifique a été empêchée in extremis, en 2004, par Jacques Chirac, dont l'entourage évoquait l'existence d'un montage visant à financer le camp sarkozyste. Un scénario que confirme aujourd'hui à Mediapart un ancien haut responsable de l'armement français.

Des soupçons de financement politique occulte valent aujourd'hui à Ziad Takieddine d'être dans le collimateur de la justice concernant la vente de sous-marins Agosta au Pakistan et de frégates Sawari 2 à l'Arabie saoudite, ventes conclues sous le gouvernement Balladur, fin 1994.

Le contrat Miksa, établi dans une première version en 1993, alors que Charles Pasqua est à l'intérieur, devient une priorité de Nicolas Sarkozy dès son arrivée à la tête de ce ministère, en 2002. Le futur président de la République écrit en ce sens, dès le 8 juillet 2002, une lettre à son homologue saoudien le prince Nayef.

En voici un extrait:

 

Le prince Nayef© Reuters
«Connaissant l'importance pour les autorités saoudiennes du contrôle des frontières du royaume, je tenais à confirmer à votre Altesse Royale, l'intérêt du gouvernement français pour la réalisation du projet Saudi Border Guard Defence Program et à lui confirmer que celui-ci apportera sa garantie à la bonne exécution du contrat qui doit être signé entre le groupe Thalès, maître d'œuvre industriel, et le gouvernement saoudien. Le contrôle de la bonne exécution de ce contrat sera assuré par la société Civipol conseil, société de service et de conseil du ministère français de l'Intérieur. Je propose à votre Altesse Royale de signer avec Elle dès qu'Elle le souhaitera l'accord de coopération préparé par nos services.»

 

Le contrat suivi par le cabinet du ministre de l'intérieur - Claude Guéant, Brice Hortefeux, et David Martinon, son conseiller diplomatique - n'est pas signé si facilement. En effet, la décision saoudienne nécessite, outre l'accord du prince Nayef, l'assentiment du futur roi Abdallah, alors le régent du royaume.

Ziad Takieddine entre dans la danse à l'automne 2003. Selon ses notes en notre possession, l'homme d'affaires rend compte à Claude Guéant et Brice Hortefeux et les accompagne sur place. Il définit les orientations de négociation et les éléments de langage des membres du cabinet Sarkozy, donne lui-même des directives et joue le rôle de courrier entre les dignitaires saoudiens et Nicolas Sarkozy.

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