Les mots du FN dans la bouche de l'UMP: l'inventaire
Par MARINE TURCHI source et suite de l'article www.mediapart.fr
«La nationalité, ce n'est pas simplement une formalité administrative», «les immigrés que nous accueillons doivent adopter nos coutumes», «respecter nos lois» et «être intégrés». Le discours de Marine Le Pen, à Nice, le 11 septembre (vidéo ici)? Oui, mais aussi celui de Claude Guéant, ce jeudi, avant un déplacement en Seine-Saint-Denis.
«Quand le FN est à 25%, les responsables de l'UMP parlent comme le FN», dit Marine Le Pen. Pendant ce quinquennat, l'UMP a couru après le Front national, quand elle ne l'a pas carrément devancé sur certaines propositions. Les deux partis se marchent dessus sur de nombreux sujets. Au sein de l'UMP, certains ont dénoncé avec force cette «lepénisation» de la majorité (ici, là ouencore là et ici). Les incriminés s'en défendent. Alors prenons les mots. Les déclarations officielles à la tribune comme les répliques à l'emporte-pièce. Les propositions de loi comme les réponses du tac au tac dans les médias.
Aujourd'hui, l'extrême-droitisation n'est plus le seul fait d'une minorité rangée sous l'étiquette «Droite Populaire». Elle touche le sommet de l'Etat, certains ministres, des élus de tous les échelons. Elle ne se concentre plus sur le thème de l'immigration, elle déteint sur la vision du social, de la religion, des banlieues, de l'islam, de la famille, de la nation (lire aussi notre onglet "Prolonger"). Mediapart a épluché cinq ans de mots et de mesures à la droite de l'échiquier politique. Sur de nombreux sujets, le résultat se superpose étrangement.
- «L'assistanat», «cancer de la société»
9 mai 2011. Suivant à la lettre les préconisations faites un mois plus tôt par Patrick Buisson, le très influent conseiller de Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez lance la chasse à «l'assistanat», qu'il qualifie de «cancer de la société». «J'ai juste dit tout haut ce que beaucoup de Français pensent tout bas», se justifie le ministre dans un entretien au Progrès. Une expression qui reprend le slogan de Jean-Marie Le Pen dans les années 1980, lorsqu'il se présentait comme celui qui «disait tout haut».
La veille, Marine Le Pen avait elle aussiciblé «la fraude sociale». Elle ne parle pas de «cancer» mais plutôt de «poison de la société». Et reprend à son compte les mots du député UMP Dominique Tian, auteur d'un rapport sur le sujet: «En juin un rapport parlementaire a estimé son coût à 20 milliards d'euros par an soit 44 fois plus que la fraude détectée». La Droite populaire, le collectif à la droite de l'UMP, propose de créer une «carte de sécurité sociale sécurisée», quand le FN souhaite une «carte Vitale biométrique». Le sujet est pratique, il permet de désigner (sans le dire) les étrangers comme responsables des déficits des comptes sociaux.
- «Les profiteurs du haut et les profiteurs du bas»
7 août 2011. Thierry Mariani, ministre des transports et chef de file de la Droite populaire, puis Laurent Wauquiez (fondateur de la Droite sociale) proposent une série de mesures pour «lutter contre les profiteurs du haut et les profiteurs du bas». Cette formule rabâchée ici et là, est souvent prononcée par Marine Le Pen. Elle s'en prend aux «patrons voyous» «aux supers-profits du CAC 40»(exemple dans cette vidéo), l'UMP tape sur les puissants (suppression des stock-options, taxe des hauts revenus financiers, encadrement des augmentations de salaires des dirigeants qui suppriment des emplois). Elle prône «la politique de tolérance zéro contre les fraudeurs», ils prônent la création d'un fichier des allocataires sociaux.