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Publié par christian guittard

Mouammar Kadhafi et Claude Gueant en Libye l'été dernier

 PAR FABRICE ARFI ET KARL LASKE

source et suite de l'article www.mediapart.fr

Jusqu'où est allé le ministre de l'intérieur Claude Guéant avec le marchand d'armes Ziad Takieddine, principal suspect du juge Van Ruymbeke dans le volet financier de l'affaire Karachi ? Selon une vingtaine de notes confidentielles obtenues par Mediapart, Claude Guéant, alors directeur de cabinet du ministre de l'intérieur, puis secrétaire général de l'Elysée, a été avec le sulfureux homme d'affaires le pivot des deals financiers de la France avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi, de 2005 à 2007.

Grâce à l'appui du ministère français de l'intérieur, Ziad Takieddine a notamment obtenu, en avril 2007, en pleine campagne présidentielle, des commissions occultes sur un marché de livraison de matériel de guerre électronique vendu par la société i2e (filiale du groupe Bull) à la Libye. Sur ce premier contrat, destiné à crypter les communications du régime et à contrer la surveillance des services secrets occidentaux, un montant de 4,5 millions d'euros a été versé à M. Takieddine. D'autres versements suivront.

C. GuéantC. Guéant© ReutersLa collusion de Claude Guéant, alors haut fonctionnaire, avec un intermédiaire de l'armement, proscrite par tous les usages, relève du jamais vu. Selon nos documents, l'homme d'affaires, soupçonné depuis quinze ans d'avoir secrètement financé la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, aurait promis à Claude Guéant «un contrôle total»sur les futurs marchés signés en Libye.

Ces faits engagent bien évidemment la responsabilité de l'ancien ministre de l'intérieur et actuel président de la République, Nicolas Sarkozy, sous le couvert duquel ces agissements ont été opérés. L'Elysée n'a pas souhaité répondre à nos questions.

Les relations Guéant/Takieddine ont débuté en 2003 à l'occasion du projet de vente du système de surveillance des frontières de l'Arabie saoudite. Ce contrat, baptisé "Miksa", porté par le ministre de l'intérieur, promettait à M. Takieddine une commission de 350 millions d'euros, comme Mediapart l'a déjà raconté. Mais les négociations ont été bloquées in extremis, début 2004, par le président Chirac, qui soupçonnait un possible financement politique occulte des sarkozystes en vue de l'élection présidentielle de 2007.

Un an plus tard, en 2005, l'intermédiaire ouvrait un autre front commercial sous le contrôle du ministère de l'intérieur et de son directeur de cabinet: la Libye. De septembre à décembre 2005, Ziad Takieddine a ainsi été l'organisateur des visites à Tripoli de Claude Guéant, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, et de Brice Hortefeux, ministre délégué... aux collectivités territoriales.

Après la présidentielle de 2007, c'est aussi l'artisan de la libération des infirmières bulgares, orchestrée par Guéant, avec la participation de Cécilia Sarkozy. M. Takieddine et Claude Guéant l'avaient d'ailleurs tous deux admis, l'an dernier, dans le livre Le Contrat.

Les éléments aujourd'hui en possession de Mediapart, qu'il s'agisse de notes personnelles de M. Takieddine ou de documents de la place Beauvau et de l'Elysée, montrent que derrière ces moments clés se sont en réalité profilées des négociations secrètes de contrats. Des négociations pourtant contestées par Claude Guéant, y compris sous serment, en décembre 2007, devant la commission d'enquête parlementaire sur la libération des infirmières bulgares.

Ziad TakieddineZiad TakieddineLa lune de miel entre la Libye de Kadhafi et le ministre de l'intérieur français commence dès 2005 et le retour de Nicolas Sarkozy place Beauvau.

Le 22 juin 2005, Nasr Al-Mabrouk Abdallah, secrétaire des Comités populaires de la sûreté nationale, l'homologue libyen de M. Sarkozy, salue ce retour dans un courrier officiel. Le ministre libyen y exprime son «souhait d'établir une coopération sérieuse dans tous les domaines de la sécurité», de même que sa «volonté de vous rencontrer à Paris ou à Tripoli, le plus vite possible».

Invitation Libye

Dès lors, des préparatifs sont engagés par Ziad Takieddine, comme en témoignent plusieurs notes manuscrites – en arabe –, transmises aux autorités libyennes et estampillées «très confidentiel-privé». Ces notes sont généralement adressées à Abdallah Senoussi, chef des services spéciaux libyens, beau-frère de Kadhafi et cerveau de l'attentat du DC10-UTA, dont les liens avec Ziad Takieddine et Claude Guéant ont déjà été évoqués par Mediapart.

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