Le Syndicat national des journalistes aux côtés de Mediapart
25 juillet 2010 : Affaires Woerth/Bettencourt - Médiapart -Le Point
source www.mediapart.fr
26 Juillet 2010 Par Les invités de Mediapart
Le Syndicat national des journalistes annonce «qu'il se porte en justice, aux côtés de Mediapart et de ses journalistes, dans la plainte en diffamation déposée contre le secrétaire général de l'UMP qui s'est permis, le 6 juillet dernier, de les accuser d'utiliser des "méthodes fascistes"». Mediapart publie ci-dessous ses deux communiqués.
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La nécessité de la liberté de la presse réaffirmée par la justice
Merci aux juges qui ont réaffirmé, ce vendredi 23 juillet 2010, que les articles attaqués relèvent de la «légitime information du public». Ils sont bien sur la même ligne que les juges de la première instance qui avaient rappelé, le 1er juillet dernier, que la publication des extraits des écoutes réalisées au domicile de Liliane Bettencourt contenaient bien des informations d'intérêt général. Cette dernière, ainsi que Patrice de Maistre, demandaient en référé aux juges d'ordonner l'interdiction de toute diffusion de ces enregistrements en ce qu'ils étaient une atteinte à la vie privée de leurs clients. Déboutés, les plaignants avaient fait appel de cette première ordonnance.
Les juges, en rappelant aujourd'hui l'équilibre nécessaire «entre le droit au respect à la vie privée et la liberté de l'information», sont également dans le droit fil des textes européens et de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg sur la liberté de la presse, «pierre angulaire de la démocratie».
Médiapart, Le Point, le Point.fr et les journalistes voient ainsi leur travail d'enquête pleinement reconnu, n'en déplaise à toutes celles et ceux, politiques compris jusqu'au plus haut niveau de l'Etat, qui les ont mis en cause et insultés abondamment ces dernières semaines. Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, aux côtés de ses confrères depuis le début, tient à les féliciter de faire honneur ainsi à une profession si souvent décriée. Nul doute que les citoyens pourront continuer à être aussi bien informés que possible sur cette affaire d'Etat constituée par les multiples facettes du tentaculaire dossier Woerth/Bettencourt.
Le SNJ rappelle qu'il se porte en justice, aux côtés de Mediapart et de ses journalistes, dans la plainte en diffamation déposée contre le secrétaire général de l'UMP qui s'est permis, le 6 juillet dernier, de les accuser d'utiliser des «méthodes fascistes».
Paris, ce 25 juillet 2010
Dès le 8 juillet, le SNJ avait publié le communiqué qui suit.
De Paris jusqu'à Vesoul (où Alain Joyandet vilipende les journalistes de France 3), c'est une véritable chasse aux journalistes qui a été lancée par quelques-uns des plus hauts responsables du gouvernement et de la majorité au pouvoir en France.
Après les révélations des journalistes de Médiapart, du Canard Enchaîné et de la presse en général sur l'utilisation des fonds publics et les multiples affaires Woerth/Bettencourt, les journalistes semblent bien devenus les "nuisibles" à abattre.
Plus les questions posées aux différents acteurs de ces mauvais feuilletons reçoivent des réponses dilatoires, voire pas de réponse du tout, plus les informations se multiplient. Et à leur tour, elles ne reçoivent guère de réponses convaincantes.
Ainsi les multiples dossiers Woerth/Bettencourt/Banier se transforment en affaire d'État.
Dans ce qui ressemble bien à un ouragan de panique politique, après le traitement par l'arrogance et le mépris, une seule obsession désormais pour la classe au pouvoir : faire cesser les "nuisances".
Pour les protagonistes, il convient donc de discréditer les journalistes et les faire taire.
Les accusations telles que :"Une certaine presse des années 1930", "Un site qui utilise des méthodes fascistes", "Calomnies, mensonges amalgames et désinformation", tombent sous le coup des lois de notre pays.
Les journalistes, dont la mission est d'informer les citoyens et de "porter le fer dans la plaie" si nécessaire, ont mis en lumière que des délits et crimes tels que fraude fiscale, blanchiment d'argent, trafic d'influences, prises illégales d'intérêt, entrave à la justice, corruption, étaient potentiellement inscrits dans ces dossiers.
Les outrances des propos, les insultes, les menaces et leurs convergences contre les journalistes montrent assez la conception obsolète et dégradée que les politiques ont du rôle des médias : des chiens en laisse !
Et voici qu'on veut leur tresser une muselière puisqu'une députée UMP propose ce jeudi une résolution pour empêcher "une certaine conception de la presse" de devenir "la règle". Son texte entend préciser "l'équilibre entre liberté de la presse, droit d'informer, droit au respect de la vie privée et respect des informations couvertes par des secrets professionnels".
Le Syndicat National des Journalistes (SNJ), première organisation de la profession, réaffirme son soutien à tout journaliste injustement attaqué dans l'exercice de sa profession.
Le SNJ propose à Médiapart de se porter à ses côtés dans le procès en diffamation qu'il entend mener contre ses détracteurs.