Le «15-M» à l'assaut des quartiers de Madrid
source et suite de l'article www.mediapart.fr
par ludovic Lamant
A Madrid, le mouvement «15-M» tente la prise des quartiers. Près de deux semaines après l'occupation spontanée de la place Puerta del Sol, devenue un îlot de résistance en plein centre de la capitale, des «assemblées populaires», dans des dizaines de quartiers, ont éclos samedi 28 mai. Parmi les étiquettes à la mode pour suivre la «révolution espagnole» sur Twitter figurent désormais #tomarlosbarrios («prendre les quartiers») et#barriosdespiertos («le réveil des quartiers»).

Alors que les grands journaux espagnols parlent d'un «reflux» de la mobilisation (pourtant difficile à constater sur place), ce retour au quartier s'annonce décisif. Mais comment s'y prendre, pour «décentraliser Sol», voire l'«étendre» et l'«approfondir», sans tout faire capoter? Sans perdre la «magie de Sol»? A Lavapiés, l'un des quartiers populaires les plus métissés et vivants de Madrid, plus de 350 voisins, de tous les âges, ont planché samedi sur cette «deuxième étape du mouvement», aux heures les plus chaudes de la journée, de 12h30 à 14h30.
En ouverture des débats, Ana, modératrice d'un jour, micro à la main, résume, pour les nouveaux venus, la grammaire de l'assemblée, rouage central d'une démocratie directe que les «indignés» opposent à la démocratie représentative, jugée incompétente, corrompue et en partie responsable du marasme espagnol.
D'abord, il faut fixer l'ordre du jour. Ensuite, pour chaque point, ouvrir un premier tour de prises de parole. Et dans la foulée, si cela semble jouable, formuler une «proposition de consensus». Les participants sont invités à agiter leurs mains en l'air pour signifier leur accord avec l'orateur. Ou au contraire, lever les bras en croix, pour dire leur refus. Souvent, des mains ici et là dessinent des vagues, manière de demander à l'intervenant de parler plus fort – «No se te oye!» (on t'entend pas!).