La Chine viendra-t-elle à la rescousse de l'UE embourbée dans la crise de l'euro ?
Publié le 2011-10-28 09:00:26 | French. News. Cn |
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BRUXELLES, 27 octobre (Xinhua) -- A l'occasion du second sommet de la zone euro en quatre jours qui s'est prolongé jusqu'aux premières heures du jour jeudi, les dirigeants européens ont à nouveau échoué à proposer un plan de sauvetage convaincant et définitif pour empêcher une détérioration de la situation, ont indiqué des analystes.
Ce sommet a été une nouvelle fois l'occasion d'émettre des espoirs de voir la Chine et d'autres économies émergentes venir à la rescousse des pays européens, mais certains experts appellent à la prudence car selon eux, l'accord proposé au terme de ce second sommet pourrait s'avérer difficile à vendre aux participants potentiels.
En vertu du paquet de mesures de sauvetage convenu par les dirigeants de la zone euro ce jeudi, la dette de la Grèce sera réduite, les banques européennes seront recapitalisées, et le fonds de sauvetage de la zone euro, le Fonds européen de stabilité financière (FESF), sera renforcé.
Cependant, les solutions proposées par les dirigeants européens semblent créer plus de problèmes qu'elles n'en résolvent.
Une annulation de moitié de la valeur des obligations grecques détenues par les créanciers privés portera un coup dur aux banques européennes qui sont déjà profondément embourbées dans la crise, et d'âpres négociations sont à venir puisque les détails du plan de recapitalisation ne sont pas encore décidés.
Toujours hésitante et réticente à engager ses propres ressources pour résoudre un problème qui menace non seulement la survie de l'euro, mais aussi plus largement l'économie mondiale, la zone de la monnaie unique qui compte 17 pays membres envisage de se tourner vers la Chine et d'autres économies émergentes pour faire venir des fonds, en créant un ou plusieurs fonds spéciaux ("Special Purpose Vehicles").
Stabiliser la zone euro est dans l'intérêt de la Chine puisque l'Europe est le principal marché d'exportation de la Chine, et la Chine a exprimé à maintes reprises sa confiance dans le fait que les pays de l'UE auraient la sagesse et la capacité de se sortir de la crise.
Cependant, une éventuelle assistance de la part de la Chine dépendra du contenu du plan de sauvetage, a déclaré Xiong Hou, un chercheur de l'Académie chinoise des sciences sociales (CASS).
"Que faire en cas de défaut de paiement ? Que faire si d'autres pays emboîtent le pas à la Grèce? Beaucoup de gens se demanderaient pourquoi nous nous sommes mêlés à cet imbroglio", a fait remarquer M. Xiong, "La clé pour résoudre la crise de la dette et sauver l'économie européenne est dans les mains des Européens eux-mêmes, plutôt que dans celles de la Chine."
Ce serait un scénario inacceptable de laisser un pays en développement comme la Chine payer les factures pendant que les Européens resteraient sans rien faire de leur côté. "C'est comme si quelqu'un avait fait un grand trou et qu'on demandait à quelqu'un d'autre de le boucher", a indiqué M. Xiong.
A court terme, la zone euro doit mettre sur pied un plan plus convaincant pour restaurer la confiance des investisseurs et éviter une propagation de la crise de la dette. Sur le long terme, "ils doivent mettre de l'ordre dans leurs affaires en mettant en oeuvre des réformes douloureuses et en adoptant des politiques budgétaires et monétaires responsables", a déclaré M. Xiong.
De leur côté, certains économistes européens ont fait valoir que les économies émergentes devraient apporter leur aide à la zone euro car il est crucial d'éviter une récession en Europe étant donné la reprise fragile de l'économique mondiale.
Fabian Zuleeg, économiste en chef de l'European Policy Center, un groupe de réflexion basé à Bruxelles, a déclaré à Xinhua dans un courriel que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) devraient avoir une vision à long terme et acheter des obligations et investir dans ces pays.
"L'économie mondiale ne peut se permettre un coup dur sur le secteur financier et sur la confiance en ce moment. En outre, les fonds souverains [des pays BRICS] disposent de fonds énormes à investir avec peu d'options sur la table", a souligné M. Zuleeg.
M. Xiong a toutefois indiqué : "C'est une décision difficile à prendre et les investisseurs ont toujours besoin d'être assurés que leurs investissements sont sûrs et qu'ils obtiendront des dividendes."