L'enquête sur Karachi est menacée d'interdiction
12 Mai 2010 Par
Secret défense à tout va, entraves à la recherche de la vérité, démentis sans aucune crédibilité, pressions et menaces : décidément, l'affaire de Karachi est bien le feuilleton qui dérange sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Alors même que la mission d'information parlementaire rendait son rapport dans un conflit ouvert entre son rapporteur PS et son président UMP (télécharger ici le rapport), on apprenait qu'une offensive judiciaire était lancée afin d'empêcher la sortie du livre qui prolonge l'enquête exclusive de Mediapart sur ce dossier (retrouver ici tous nos articles).
On voudrait démontrer que Le contrat (Stock, 20,50 €), sous-titré Karachi, l'affaire que Sarkozy voudrait oublier est une enquête explosive que l'on ne s'y prendrait pas autrement. Prolongement de leur travail sur Mediapart, le livre que publient nos collaborateurs Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme sur l'affaire de Karachi est en effet menacé d'interdiction.
Avant sa sortie en librairie le mercredi 19 mai, l'un des protagonistes de ce dossier demande à la justice d'ordonner le report de la publication pour une durée minimale de trois mois, la suppression des passages qui le concernent et l'insertion d'un avertissement en forme de démenti catégorique, sans compter 20.000 euros de dommages et intérêts. L'affaire sera plaidée en référé lundi 17 mai avec Me Olivier Pardo comme avocat du demandeur, Ziad Takieddine.
Visant l'éditeur et les auteurs, domiciliés à Mediapart, l'assignation a été envoyée le 11 mai. Le lendemain, mercredi 12 mai, les éditions Stock, défendues par Me Anne Veil, ont diffusé un communiqué où elles se déclarent « très surprises par l'assignation en référé de M. Ziad Takieddine ». « M. Ziad Takieddine, ajoutent-elles, a accordé à Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme plusieurs entretiens au cours desquels il a pu s'exprimer longuement et précisément. Ce sont, du reste, ses propos qui sont fidèlement rapportés dans le livre. Par ailleurs, il attribue aux auteurs une thèse qui ne figure en aucun cas dans le livre et pour cause, il ne l'a pas lu. D'autre part, en assignant notre maison d'édition et en tentant par-là même de retarder la publication de plusieurs mois, M. Takieddine semble vouloir à tout prix empêcher la révélation d'informations inédites sur une affaire d'Etat. »
Lancée par les premières révélations de Mediapart, le 13 septembre 2008, l'affaire d'Etat mêle la corruption liée aux ventes d'armes au financement illicite de la vie politique.