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Publié par christian guittard
source et suite de l'article www.mediapart.fr
19 Octobre 2010 Par
La sixième journée d'action contre la réforme des retraites, mardi 19octobre, a encore donné lieu à d'importantes manifestations partout enFrance alors que les conflits se multiplient et se durcissent (raffineries, dépôts de carburant, lycées, facultés, etc.). A Paris, où le cortège ralliait la place d'Italie à l'esplanade desInvalides, les participants ont échangé points de vue etrevendications. Tout au long de cet après-midi, Mediapart a recueillitémoignages, slogans et images.
Près de la place d'Italie (Paris, XIIIe) à l'heure où le cortège démarre, Guillaume, 40 ans, accroche son badge «auteur en lutte» à sa veste. Il est travailleur indépendant dans la graphie et la scénographie. Il est venu avec une quinzaine de personnes du syndicat national desartistes plasticiens CGT. Il a fait «toutes les manifs, sans exception» depuis la rentrée. «Pour la question des retraites mais contre la politique du gouvernement en général.» «Les retraites concernent aussi les indépendants, rappelle-t-il.Les auteurs sont à l'avant-garde de la précarité sociale. On vise les droits auxquels peuvent prétendre n'importe quels salariés.»
Plus largement, il dénonce «l'ensemble de la régression sociale: il y a eu la sécu, la fiscalité, et maintenant ce sont les retraites. Tout ce qui faisait lasolidarité dans ce pays est éradiqué. On défend le droit à une protection sociale, on est opposés à la défiscalisation massive. Payer des impôts est normal et nécessaire!»
Boulevard Arago (Paris XIIIe), Ségolène Royal, Harlem Désir, Bertrand Delanoë, Martine Aubry, Benoît Hamon et le sénateur David Assouline sont alignés derrière la bannière PS et posent, immobiles, devant les photographes. «A gauche, à gauche!», s'écrie la foule devant eux. Trois cents mètres plus loin, ce sont les collectifs de femmes et les féministes qui bordent le boulevard de Port-Royal. Toutes pointent du doigt «une réforme injuste pour les femmes».
«Ni un, ni deux, ni trois enfants, avec ou sans enfants, retraite à 60 ans», affiche la banderole de Femmes Egalité. Ana Azaria, sa présidente, déroule le slogan: «On veut la retraite à 60 ans à taux plein et à temps plein pour toutes, avec un ou zéro enfant.» Elle désigne les femmes à ses côtés:«Beaucoup sont femmes de ménage,ouvrières, vendeuses, ou caissières, elles vont partir avec une retraite de misère. La plupart d'ailleurs ne sont pas là aujourd'hui, elles n'ont pas les moyens de faire quatre jours de grève.»
Au stand à côté, Suzy Rojtman, l'une des porte-parole du collectif national pour les droits des femmes, résume: «Les femmes souffrent au moment des retraites de toutes les inégalités qu'elles connaissent dans le travail.»Elle explique profiter de cette manifestation pour «rappeler (leurs)revendications globales par rapport aux femmes», «la loi salariale de 1972 qui n'est pas appliquée», dénoncer «les temps partiels imposés».«On nous dit que ces temps partiels permettent d'articuler vie au foyer et vie professionnelle mais regardez les caissières par exemple, elles ont une amplitude de travail telle qu'elles ne retournent pas à la maison entre deux.»
En tête de cortège, on rencontre Sophie, 25 ans, professeure des écoles au visage barré de slogans rouge et noir. Elle n'est pas syndiquée, mais encartée au Parti socialiste. C'est sa première année dans l'enseignement. Elle a débuté en septembre, dans une école maternelle de Cergy (Val-d'Oise).«J'en suis à cinq manifestations, quatre jours de grève. Ce ne sont pas les meilleures conditions pour débuter, mais si on ne manifeste pas, ce sera pire», explique-t-elle. «Je ne veux pas prendre ma retraite plus tard que 62 ans. Je ne veux pas cotiser plus, et travailler plus pour gagner moins.»
«L'avenir est sombre. C'est un climat général, et aujourd'hui ça se cristallise sur la réforme des retraites», estime-t-elle. «La majorité des Français est contre cette réforme, mais on est face à une non-écoute du gouvernement». Elle explique avoir «peur d'un débordement policier face aux jeunes qui n'ont pas tous les codes et l'expérience d'un mouvement comme celui-là». «J'entends de la part d'amis et collègues des récits que je n'entendais pas à l'époque des manifs anti-CPE par exemple. Des tirs rapides de flashballs et des lâchers de bombes lacrymogènes au bout d'une semaine de mouvement lycéen, des indications mal données par les policers aux jeunes, etc.»