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Publié par christian guittard

 

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13 Mai 2010 Par 

Fabrice Arfi 
Fabrice Lhomme (source et suite de l'article www.mediapart.fr)

L'affaire de Karachi est définitivement une affaire interdite. Un document signé de la ministre de l'économie, que Mediapart révèle aujourd'hui, atteste que Christine Lagarde a clairement fait obstruction au travail de la mission d'information parlementaire, qui a rendu, mercredi 12 mai, son rapport sur «les circonstances entourant l'attentat du 8 mai 2002 à Karachi».

 

Le document en question, qui fait partie des annexes (non publiques) du rapport des députés, est une lettre datée du 26 mars 2010. Celle-ci peut se lire à la fois comme l'illustration et le prolongement de l'incroyable guerre parlementaire et des différentes entraves de l'exécutif auxquels a donné lieu ce dossier, devenu au fil des mois une bombe dans le jardin de l'Elysée.

 

Dans cette missive, que nous publions (ci-dessous), Christine Lagarde affirmait son refus que la représentation nationale puisse entendre, dans le cadre de ses travaux, des fonctionnaires de son ministère ayant eu à connaître les troubles dessous financiers du contrat Agosta –la vente de trois sous-marins au Pakistan par le gouvernement Balladur en septembre 1994. 

 

© DR

 

 

C'est pourtant dans le cadre de l'exécution du contrat Agosta que quinze personnes, dont onze employés français de la Direction des constructions navales (DCN), constructeur des sous-marins, ont trouvé la mort, le 8 mai 2002, dans un attentat à Karachi. Huit ans plus tard, les commanditaires de l'attentat demeurent toujours inconnus.

 

Comme Mediapart s'en est fait régulièrement l'écho depuis 2008, la justice dispose désormais de plusieurs éléments indiquant que l'attaque-suicide, d'abord imputée à la mouvance Al-Qaïda, pourrait être liée au contrat Agosta, sur lequel pèse de très lourds soupçons de corruption (au Pakistan) et de financement politique occulte (en France).

 

Dans sa lettre aux députés, Christine Lagarde écrivait: «La mission envisage l'audition des fonctionnaires qui ont travaillé sur le contrat relatif aux sous-marins Agosta entre 1994 et 2002 et de fonctionnaires qui pourraient l'éclairer sur l'évolution de la législation relative aux commissions à l'export ou pour signature de grands contrats, depuis 1994.»

 

La ministre poursuivait: «L'audition de fonctionnaires susceptibles d'éclairer la mission d'information [...] peut, en effet, être demandée sur le fondement de l'article 145 du règlement de l'Assemblée nationale.»

 

Et le couperet de tomber, net: «En revanche, il ne m'est pas possible de donner une suite favorable à la demande d'entendre les fonctionnaires ayant eu à travailler sur le contrat relatif aux sous-marins Agosta.»

 

Les arguments avancés par la ministre sont pour le moins déconcertants. Christine Lagarde estime en effet que, d'une part, de telles auditions viendraient «empiéter» sur l'instruction judiciaire du juge Marc Trévidic, chargé d'enquêter sur les causes de l'attentat, et, d'autre part, constitueraient un «délit de compromission», le contrat Agosta étant protégé par le secret défense.

Une dialectique acrobatique quand on sait que la mission parlementaire a pu entendre de nombreux anciens hauts responsables du ministère de la défense et de l'armement qui ont eu à connaître personnellement du contrat Agosta (qui vient d'être soumis à déclassification par le ministre de la défense...) et dont certains d'entre eux ont aussi témoigné... devant le juge Trévidic. De fait, aucun «délit de compromission» ne leur a été reproché.

 

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