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Publié par christian guittard

source et suite de l'article www.mediapat.fr par  FABRICE ARFI ET KARL LASKE

C’est un magistrat sur le départ, après avoir été sur la sellette. Très attaqué depuis plusieurs semaines par le maire de Nice, député UMP et ancien ministre de l’industrie Christian Estrosi, le procureur de la République Eric de Montgolfier a été entendu, mardi 7 février, par le Conseil supérieur de la magistrature en vue de sa mutation à Bourges.

Dans un entretien à Mediapart, le magistrat s’exprime pour la première fois sur le jeu trouble du gouvernement et de l’ancien ministre du budget, Eric Woerth, dans l’affaire des comptes bancaires HSBC. Il révèle qu’au moment où M. Woerth brandissait, à l’été 2009, une liste de 3.000 fraudeurs français du fisc, son enquête avait en réalité permis d’en identifier plus de 8.000, parmi lesquels se trouvait Patrice de Maistre, à l’époque gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt et employeur direct de Mme Woerth.

« Pourquoi sortir cela ? Pourquoi 3.000 ? Ça ne nous arrangeait pas… Etait-ce juste une façon de noyer le poisson ? », s’interroge aujourd’hui le procureur de Nice. Il dévoile également les atermoiements du ministère de la justice dans cette affaire, qui lui avait donné l’ordre de restituer les données du dossier HSBC aux autorités suisses pour mettre fin aux investigations. 

 

Le procureur MontgolfierLe procureur Montgolfier© (Reuters)
A quelques semaines de son départ de Nice, où il est en poste depuis 1999, Eric de Montgolfier déplore, exemples à l’appui, l’absence de probité des élites locales.« A Nice, je n’ai pas réussi, pendant toutes ces années, à obtenir que soit durablement installé dans l’esprit des élus le respect des lois et de l’utilisation des fonds publics », dit-il.

 

Le procureur, rendu célèbre par l’affaire OM/VA, dénonce aussi le « système de monopolisation du pouvoir » qui fait qu’en France « tout passe par l’Elysée ». Se déclarant favorable à la suppression de la Cour de justice de la République, il préconise également l’abolition du statut pénal particulier pour le chef de l’Etat : « Ce n’est pas acceptable dans la France des droits de l’homme. Tout ceci participe de l’abaissement du niveau de la morale publique. »

Cela fait treize ans que vous êtes le procureur de la République de Nice. A un an de la retraite, votre mutation à Bourges, comme procureur général, semble désormais acquise. Quelle est votre réaction ?

On se demande pourquoi, tout d’un coup, on vous assure une promotion que l’on vous a longtemps refusée. Je la demande depuis un petit moment déjà. Depuis mai 2007, exactement. Nous sommes en 2012… Je n’exclus pas que le garde des Sceaux ait trouvé injuste la situation qui était la mienne. Mais il n’est pas impossible que ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui souhaitent pourvoir le poste de procureur de Nice, avant l’élection présidentielle qui arrive.

Vous voulez dire que le gouvernement voudrait, en quelque sorte, cadenasser Nice ?

Il est indéniable que cette “promotion” arrive à un moment où mes relations sont plus difficiles avec le maire de Nice, Christian Estrosi. Ces derniers temps, nous n’avions pas les mêmes vues sur un certain nombre de dossiers. Mon expérience de magistrat m’a appris que l’on est bien avec les élus que si l’on fait ce qu’ils souhaitent. Quand on les contrarie, on est forcément un adversaire, quelqu’un à éliminer.

Vous n’excluez donc pas que cette “promotion” soit une “élimination” ?

En effet. Comment l’exclure ? Et ça ne manquera pas d’être interprété ainsi. Cela ne me surprendrait pas. C’est, de fait, le pouvoir qui décide. Je ne me fais pas beaucoup d’illusion.

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