«Fuites» dans l'affaire Woerth : la curieuse défense policière de l’Elysée
14 Septembre 2010 Par
source et suite de l'article www.mediapart.fr
La légalité des «vérifications»téléphoniques ayant permis à la police d'identifier la «source» d'un journaliste duMonde peut être fortement discutée. Effectuée par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), l'opération n'entre pas dans le champ des missions habituelles de ce nouveau service de police dont les activités sont couvertes par le «secret défense». Ni le «terrorisme», ni la «défense des intérêts nationaux» n'intéressent, jusqu'à plus ample informé, les «fuites» de presse relatives à cette affaire Woerth-Bettencourt qui retient au plus haut point l'attention de l'Elysée.
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D'où la suite de l'opération, selon cette version certifiée par le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard (qui entretient aussi des relations d'enfance et d'amitié avec Nicolas Sarkozy): «Une brève et ponctuelle vérification technique a alors permis de rendre vraisemblable le renseignement initial. Sur la base de cette vérification et uniquement à la demande du directeur général de la police nationale, le directeur central du renseignement intérieur, M. Bernard Squarcini, a saisi le procureur de la République par une note en date du 2 septembre. Les services de police n'ont donc fait que leur travail.»
Par ce communiqué de lundi soir 13 septembre, qui vise à démentir lesinformations du Monde, Frédéric Péchenard veut donc endosser la responsabilité d'une opération dont il absout totalement l'Elysée.
Tout serait limpide si cette version soutenant la légalité des «vérifications»n'était pas contredite ou discutée de plusieurs façons.
Premier problème, relevé par le parquet de Paris, mardi 14 septembre: le procureur de Paris n'a pas été satisfait du contenu de la note du patron de la DCRI, Bernard Squarcini. Le procureur Jean-Claude Marin a demandé des«investigations supplémentaires» à M. Squarcini, indique-t-on aujourd'hui au parquet de Paris. Il a réclamé à la DCRI de préciser «quelles étaient ces vérifications techniques» évoquées par le service de renseignement et de contre-espionnage. De toute évidence, le parquet de Paris ne veut pas «couvrir» une opération aux marges de la légalité.