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Publié par christian guittard

PAR MATHIEU MAGNAUDEIX source et suite de l'article www.mediapart.fr

 

Quand elle était ministre des Finances en France, Christine Lagarde était d'une prudence de chat. La directrice générale du FMI se fait plus directe depuis qu'elle a traversé l'Atlantique. Alors que les valeurs bancaires sont massacrées en bourse, Christine Lagarde plaide désormais pour une «recapitalisation urgente» des banques européennes. «C'est la clé pour couper la chaîne de contagion», explique la patronne du FMI.

De fait, les banques européennes ont perdu près de la moitié de leur valeur en bourse depuis la mi-août. Prises à leur propre piège, elles sont à leur tour devenues les cibles de la spéculation. Pas très étonnant, car l'Europe est assise sur une montagne de dettes publiques. Les investisseurs se demandent donc si ces établissements, qui possèdent beaucoup d'obligations d'Etat (difficile de dire combien exactement, tant l'opacité règne), pourront faire face en cas de faillite d'un ou de plusieurs Etats européens. Une question qui n'a rien de rhétorique, puisque le défaut grec semble de plus en plus inéluctable (la Grèce emprunte aujourd'hui à un taux inouï de 50% sur deux ans). Les dirigeants allemands évoquent désormais sans détour cette piste, au nom de la survie de la monnaie unique. 

Résultat: le spectre d'une crise bancaire resurgit. Et avec elle la peur d'une nouvelle récession, alors que la croissance est déjà très faible, en Europe comme aux Etats-Unis. 

«On entre sans doute dans la phase trois de la crise, expliquePascal Canfin, eurodéputé Europe Ecologie-Les Verts. Dans un premier temps, les Etats ont sauvé les banques. Puis les banques ont récupéré des moyens de pression vis-à-vis des Etats, et ont spéculé sur la dette souveraine.» D'où la crise de la dette et l'avalanche de plans d'austérité. «Mais désormais, la crise est en train de leur retomber sur la tête.»

La proposition de Christine Lagarde, reprise vendredi dernier par l'OCDE (le club des 34 pays les plus riches du monde), a provoqué la colère des banquiers et de nombreux politiques européens. D'autant que le FMI a admis ce week-end s'être un peu emmêlé les pinceaux dans ses calculs. Il avait estimé à 200 milliards d'euros le besoin de recapitalisation des banques européennes si elles devaient comptabiliser leur exposition au risque souverain de six pays (Grèce, Irlande, Portugal, Italie, Espagne, Belgique). Il n'est désormais plus très sûr de ce montant.

«Nous avons les banques parmi les plus solides du monde», veut croire la patronne du Medef. Pour appuyer ses dires, Laurence Parisot se fie notamment aux «tests de résistance» menés en juillet sur les banques européennes, dont les résultats très optimistes sont pourtant remis en cause par de nombreux spécialistes.

Mais selon Gunther Capelle-Blancard, directeur adjoint du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii), le débat n'est pas à la hauteur des enjeux. «La recapitalisation consiste à constituer un matelas plus important en cas de crise. Mais le matelas n'est jamais assez suffisant si vous tombez du 35e étage.» Or si la Grèce voire d'autres pays de la zone euro venaient à faire faillite, quelques milliards d'euros en plus dans les fonds propres des banques ne changeraient pas grand-chose dans le tumulte financier qui s'ensuivrait. 

«Plusieurs banques européennes ne tiendraient pas le coup si elles devaient inscrire dans leurs livres les pertes sur les obligations d'Etat qu'elles détiennent», a admis la semaine dernière le chef de la Deutsche Bank, Josef Ackermann.

D'ores et déjà, certaines banques européennes ont des difficultés pour se refinancer (les banques qui ont plus de crédits que de dépôts doivent sans cesse se refinancer sur les marchés). Elles demandent des rallonges à la Banque centrale, qui les accorde pour éviter un remake de la crise de 2008 – les banques, méfiantes, ne se prêtaient plus, le crédit s'est raréfié, et la crise financière a muté en récession.

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