Catégories
Newsletter
Catégories
Newsletter
Publié par christian guittard
Ce fut le leitmotiv des dirigeants du Cac 40 lors de la présentation de leurs résultats 2009. Après avoir égrené les difficultés rencontrées par ces temps de crise, les plans de
rigueur pour y faire face, après avoir justifié par le menu les résultats décevants, beaucoup ont conclu leurs propos par une même phrase: «En dépit de
la baisse de nos résultats, nous maintenons le dividende au même niveau que l'année dernière.» A les entendre, cela semblait aller de soi: il ne saurait être question de
faire partager, même de façon allégée, le fardeau de la crise aux actionnaires.
Les rares qui ont dû s'y résoudre semblaient véritablement navrés. «C'est la
première fois depuis la création d'EADS que nous ne versons pas de dividende. Cela n'a pas été une décision facile. Notre désir est d'en reprendre la distribution dès l'année
prochaine», a expliqué Louis Gallois, président du groupe aéronautique. EADS venait juste d'annoncer une perte nette de 763 millions d'euros, en raison des difficultés de
l'A400M et de l'A380.
Il n'y a que trois autres groupes à avoir dû faire de même, trois groupes en lourde perte: Renault, Peugeot et Alcatel-Lucent. Tous les autres, qu'ils soient dans le rouge ou
confrontés à des chutes de 20, 30 parfois 60% de leurs résultats, ont mis un point d'honneur à satisfaire leurs actionnaires, au même niveau qu'en 2008 quand ils le pouvaient, avec
des diminutions les plus légères possible quand il le fallait.
Deux chiffres donnent l'ampleur de cette redistribution massive des bénéfices des entreprises à destination des actionnaires. En 2009, la totalité des profits cumulés
des entreprises du Cac 40 s'élève à 47 milliards d'euros, soit une baisse de 21% par
rapport en 2008 et de près de moitié par rapport à 2007. Selon les estimations du cabinet Ricol Lasteyrie, établies en fonction des déclarations des groupes, ceux-ci s'apprêtent à
reverser à leurs actionnaires 35,5 milliards d'euros, ce qui représente 75% du total des bénéfices du Cac 40. A titre de comparaison, l'impôt sur les sociétés, considéré comme
une «charge
insupportable» par les milieux patronaux, et qui touche l'ensemble des entreprises, devrait rapporter 21 milliards d'euros à l'Etat en 2009.