Amour, argent, sexe et meurtre
Amour
L'histoire commence par la naissance d'un amour fusionnel entre le meurtrier (C) et la victime (S). Ces deux êtres, dont la femme est plus jeune de 12 ans se rencontrent et vont s'aimer à la folie. S est encore jeune, un peu plus de 20 ans, lorsqu'elle tombe amoureuse de C. Il était gérant d'un magasin de chaussures à Aurillac. Ils vivent ensemble pendant deux ans comme des amants. Ils décident d'un commun accord de divorcer chacun de leur côté. Ils convolent en justes noces, mais en secret sans avertir la famille. Le père de la victime expliquera dans sa déposition : « ils ont essayé de nous éviter ». Le frère de la victime lui décrira C sous un autre angle. Il ne l'a jamais apprécié, il le nomme « l'individu » lorsqu'il témoigne à la barre. D'après lui C avait une âme de patron à l'époque, il était très sûr de lui : « il était capable de vendre des pendules sans aiguilles ».
Le frère de S Nicole le qualifie de manipulateur et se demande encore aujourd'hui comment sa sœur a fait pour le supporter aussi longtemps. Le couple décide de vendre le magasin de chaussures et se lance dans la fabrication de poupées. L'entreprise tournera court car les poupées n'étaient pas aux normes.
Après une période de « vaches maigres », C crée une entreprise à Aurillac, dont les locaux deviendront le lieu du drame. Cette entreprise fonctionne bien le couple vit alors des jours heureux.
Argent
Ils achètent une maison , partent régulièrement en vacances. Comme déclare le frère de la victime « le pognon rentrait, ça allait bien ». Seule ombre au tableau, une voisine déclare à la barre « c'était un macho, il ne faisait jamais rien à la maison ». L'avocat de C, du barreau de Toulouse, détaillera cette période presque idyllique « ils ont surmonté leurs échecs, ils s'aiment tous les deux, ils ne font plus qu'un ».
En 1996 la maladie renversa la situation, C est atteint d'un cancer de la prostate puis d'un cancer de la vessie, d'une éventration, de calculs rénaux et d'une insuffisance cardiaque. Ces maladies s'étalent dans le temps et chaque fois les médecins le donnent perdu, mais il s'en sort chaque fois. Pendant ces maladies lourdes à répétition, S s'occupe de son mari avec ferveur. Elle est très affectée par ces bouleversements. Elle est même « désemparée » selon une voisine qui la reçoit chez elle lorsqu'elle est en pleurs. De 1996 à 2001 le couple vit au gré des maladies de C. Le caractère de celui-ci se modifie, il devient aigri, verbalement agressif.
Sa femme commence à s'éloigner de lui, « elle ne s'occupe plus de lui » d'après C. Pour essayer de retenir sa femme qu'il voit se détacher, il lui confie la gestion de la société. Il lui donne presque l'intégralité du capital (85 %).
En contrepartie celle-ci doit lui verser un loyer annuel de 30 000 €, payables d'avance par semestre.
Sexe
Devenu impuissant après ces différentes maladies, il devient un amoureux angoissé et tourmenté. En septembre 2002, sa femme demande le divorce, c'est un choc énorme pour lui.
Dans sa tête c'est un extraordinaire tumulte. Lors de la conciliation au moins de novembre 2002 le juge aux affaires familiales attribue la jouissance de la maison à sa femme.
Il est désorienté et va vivre chez un ami dans un premier temps. Après, il s'installe à l'hôtel jusqu'au moment du drame. Bien qu'ils aient fait un voyage en Turquie au mois d'août 2002, le couple se déchire de plus en plus. Cahin-caha, C rumine et lors d'un voyage à Sète, il achète un pistolet 22 long rifle et des munitions sur le port. D'après lui, on achète ce genre d'outil comme des cigarettes moyennant 500 €. Pendant plusieurs mois avant le drame le couple se croise dans Aurillac et feint de s'ignorer.
D'après les témoins, C suit les déplacements de sa femme. Chaque fois qu'il essaie de rentrer en contact avec elle il se fait éconduire. Il a l'impression de se trouver de plus en plus « marron ». Il écrit alors un roman : « la rage au ventre » dans lequel il affirme « je vais la tuer ». A ses moments perdus il manipule l'arme qu'il avait achetée à Sète. Dans le box des accusés, il s'en explique « je le manipulais comme un appareil photo pour voir comment ça marche ». La présidente soulignera que s'il avait acheté un appareil photo à la place du pistolet, il ne serait pas devant la cour d'assises.
Peu avant le drame, sa femme lui devait la somme de 21 000 €, il avait plus de 5 000 € de découvert sur son compte. S n'avait pas payé régulièrement les loyers dus.
Meurtre
Le jour du drame, le 13 avril 2004, C se rend au siège de son ex entreprise le matin vers 10 heures. Le véhicule de son épouse n'étant pas sur le parking, il fait demi-tour et repasse vers midi sans la trouver. Le pistolet 22 long rifle est alors dans la boîte à gants de sa voiture. Vers 16 heures en revenant sur les lieux il voit la voiture. Il saisit le pistolet et le glisse dans la poche droite de son imperméable « pour faire peur à S" qui lui demade de partir.
Il la repousse et tire instinctivement 2 balles non mortelles. La victime recule et tombe à terre en se protégeant la tête avec les bras. A ce moment-là, C tire 3 autres balles dont une sera fatale. Calmement, il met en sécurité le pistolet en enlevant le chargeur et les balles engagées dans le mécanisme. Il téléphone au commissariat en expliquant qu'il vient de tuer sa femme et qu'il attendra les policiers sans arme à la porte d'entrée du bâtiment.
Les policiers ont trouvé un individu serin à leur arrivée suivant leurs déclarations. C expliquera qu'il vu rouge au moment du drame et qu'il a arrêté de tirer lorsqu'il a vu sa femme inerte. Pendant son procès il a eu l'attitude d'un homme qui n'avait pas encore compris qu'il avait tué. son avocat, dans une « plaidoirie lyrique » expliquera à la cour et aux jurés qu'au moment des faits « C avait laissé une partie de son esprit dans le monde des fous et le contrôle de ses actes était entravé par un état passionnel ». Au moment du drame, il plaide que « C a tué : parce qu'il aime, parce qu'il ne s'appartient plus et parce que son jugement est altéré ». « C'est un esprit sanguinolent à ce moment-là ». « Le diable malin qui était dans le couple » selon l'avocat aura poursuivi C jusqu'à la fin de son procès. C apparemment sans remords n'aura pas réussi malgré ses essais de justification à éviter un verdict conforme aux réquisitions du représentant le ministère public : 18 ans de réclusion.