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Publié par christian guittard

source et suite de l'article wwww.mediapart.fr

par  FABRICE ARFI ET KARL LASKE

L'homme reçoit dans un luxueux appartement du XVIe arrondissement de Paris. Les murs sont recouverts de toiles religieuses, mais lui n'a pas toujours des mots très catholiques. Sa cible : la «Sarkafrique». Au lendemain de son départ à la retraite, l'homme d'affaires franco-espagnol Jacques Dupuydauby, président du groupe portuaire Progosa, dénonce dans un entretien à Mediapart les pressions de Nicolas Sarkozy sur plusieurs chefs d'Etat de l'Afrique de l'Ouest pour que l'industriel Vincent Bolloré, intime du président français, décroche de juteuses concessions portuaires. Un chantage d'Etat.

 

Ancien vice-président du groupe Bouygues et proche des réseaux chiraquiens, M. Dupuydauby affirme avoir personnellement recueilli les confidences embarrassantes de plusieurs présidents africains, dont Faure Gnassingbé (Togo) et Denis Sassou N'Guesso (Congo).

 

 

J. DupuydaubyJ. Dupuydauby
« Quand M. Bolloré s'implante quelque part, il utilise le président français comme son VRP de luxe. M. Sarkozy, de son côté, met dans la balance les relations franco-africaines et fait des pressions », affirme Jacques Dupuydauby. L'homme d'affaires, qui avoue « ne pas être un perdreau de l'année », tranche : « On est passé de la Françafrique des mallettes à la Sarkafrique des concessions. »

 

 

Agé de 65 ans, récemment condamné au Togo à vingt ans de prison dans une affaire dont il dit ne rien connaître et qu'il soupçonne avoir été orchestrée par Vincent Bolloré, l'industriel réclame désormais l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire sur le « système Sarkozy en Afrique ».

 

Votre société, Progosa, avait remporté en 2001 la concession du port de Lomé au Togo, que vous avez brutalement perdue en 2009. Que s'est-il passé qui puisse expliquer ce renversement de situation ?

 

Il s'est passé l'élection de Nicolas Sarkozy. Après le sommet de Lisbonne, qui s'est tenu en 2007 sur le thème « Europe-Afrique », Faure Gnassingbé, l'actuel président du Togo, que je voyais tous les mois, m'a soudainement expliqué : “J'ai un gros problème.” Au sommet de Lisbonne, Sarkozy lui a en effet annoncé que la France soutenait ses amis, dont le Togo fait partie, mais qu'en contrepartie la France attendait de ses amis qu'ils se comportent vis-à-vis d'elle de façon, disons, amicale.

 

C'est-à-dire ?

 

 

C'est-à-dire que, je cite, “quand on est l'ami de la France, on est l'ami des sociétés françaises”. Et Sarkozy lui a demandé de donner la gestion du port de Lomé au groupe de son ami Vincent Bolloré.

Vous le tenez de la bouche du président togolais ?

Parfaitement. Plusieurs ministres togolais me l'ont également confirmé. Faure Gnassingbé m'a dit qu'il allait résister, mais il n'a pas pu. Car le coupable, dans cette affaire, ce n'est pas Faure Gnassingbé. Vous êtes président du Togo, vous avez des élections qui approchent, vous savez que cela va être très tendu, par conséquent, vous espérez que le gouvernement français reconnaisse votre légitimité – ce type de geste diplomatique a encore beaucoup d'importance en Afrique francophone. La suite est assez simple à comprendre.  


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