Le PS : Mediapart essaie d'y voir clair dans les courants éclatés
Plus de trois mois après le revers des élections européennes, où il a recueilli à peine 16,48%, devançant d'une rien les listes Europe-Ecologie, et à quelques jours de son université d'été de La Rochelle (28-30 août), il n'est pas certain que le parti socialiste a retrouvé confiance, sérénité et cohésion. Entre les silences de Ségolène Royal, les coups de gueule d'Arnaud Montebourg, la rebellion de Manuel Valls, réprimée par Martine Aubry, la première secrétaire du PS, et le désarroi des militants, l'avenir (et avec lui la prochaine campagne en vue des élections régionales de 2010) n'a rien d'un long feuve tranquille. Pour mieux comprendre la situation et tenter d'en éclairer les dangers et les enjeux, Mediapart vous propose une sélection des articles consacrés, ces dernières semaines, à l'improbable situation du PS.
Ils ont été classés en quatre parties: les reportages, qui permettent de prendre la mesure de la situation et d'en constater la gravité (page 1); les enquêtes de Sylvain Bourmeau auprès des intellectuels, qui révèle l'étendue du malaise et du travail à mener (page 2); les entretiens, qui permettent aux politiques, au militants et aux chercheurs d'exprimer leur vision du PS, entre déception et colère (page 3); les analyses d'Edwy Plenel, longuement commentées par les abonnés de Mediapart et les responsables socialistes (page 4); le débat que Mediapart a abrité et abrite toujours dans son Club (édtions Socialisme hors-les-murs; blogs de Vincent Duclert et Paul Alliès) (page 5).
Autant de relectures instructives qui en disent plus que de longs discours. Pour commencer, le constat d'abord:
Européennes: le PS reste sans voix
Le parti socialiste ne sait pas par quel bout prendre le scrutin européen du 7 juin, cherchant à limiter la casse tout en recollant les morceaux de son unité perdue. Objectif pour Martine Aubry: renouer avec la base électorale du PS. Problème: le parti peine à incarner une alternative européenne et reste inaudible face à l'entrée en campagne de l'UMP, qui continue de brandir haut les couleurs de l'ouverture. Ses efforts de reconquête du terrain demeurent parasités par Bayrou sur sa droite et Besancenot sur sa gauche. Tandis que Ségolène Royal poursuit sa marche à côté du parti.
Le PS met en scène la réconciliation Aubry-Royal
Après six mois d'éloignement et de sourdes rivalités, Ségolène Royal et Martine Aubry, la première secrétaire du PS, font meeting commun, mercredi 27 mai, à Rezé (Loire-Atlantique), dans la banlieue de Nantes. À dix jours du scrutin européen, le rendez-vous est l'occasion pour les socialistes d'essayer d'afficher une unité, alors que le parti reste figé autour de 20% des intentions de vote.
Assomé par une litanie de défaites, le PS cherche comment rectifier le tir
16,6%. Soit, à peu de choses près, le même score que Lionel Jospin le 21 avril 2002. Si Martine Aubry n'envisage pas de démissionner, le PS est contraint à une profonde rénovation. Outre une réorganisation conséquente de la direction, le débat autour des primaires ouvertes à la prochaine présidentielle pourrait s'accélérer. Les écologistes sont désormais dans une position de force pour préparer les élections régionales de 2010.
PS: une grosse synthèse édredon pour étouffer la crise
Le conseil national du PS a presque fait dans l'inutile. Embryons d'annonces, velléités de rassemblement, primaires «remises à plus tard». A entendre les cadres présents, l'essentiel serait sauvé et tout le monde est «derrière Martine». Les derniers à ne pas être encore membres de la pléthorique direction vont être intégrés. Ségolène Royal obtient son poste à l'Internationale socialiste et fait la paix. Une bonne grosse synthèse, en somme. Même si des dents grincent et que certains évoquent «un nouveau clivage transcourants, entre anciens et modernes».
Ségolène Royal emprunte quelques conseillers à Nicolas Sarkozy
C'est une étrange «université populaire participative» que Ségolène Royal a organisée lundi 15 juin à la mairie du IVe arrondissement de Paris. Non pas à cause du thème du débat : «Quel nouveau modèle de développement économique et social pour l'après-crise?». Mais à cause de la personnalité des intervenants que l'ex-candidate socialiste à l'élection présidentielle avait conviés pour apporter leur expertise, tels l'essayiste Jacques Attali ou encore l'économiste Jean-Paul Fitoussi, qui sont l'un et l'autre devenus des familiers de l'Elysée. Parti pris.
Comment le PS veut organiser ses primaires
Primaires à la française, mode d'emploi. Mediapart révèle les grandes lignes du document final du groupe de travail présidé par Arnaud Montebourg, qui planche chaque semaine et confidentiellement, depuis le 25 mars, sur un projet concret de primaires à la française qui permettrait de désigner le candidat à la présidentielle de 2012. La commission a conclu ses travaux ce mercredi 17 juin, dans l'après-midi. Elaboré par tous les représentants des différentes «sensibilités» du PS, le rapport prend la forme de 58 articles codifiant précisément une compétition ouverte à l'ensemble de la gauche, à mi-chemin entre les modèles américain et italien. Tous les détails d'un processus qui devrait faire l'objet de nombreux débats dans les instances socialistes.
Ça y est! Martine Aubry a enfin un calendrier de travail
Dans une longue lettre adressée aux adhérents du PS (lire ici en PDF), la première secrétaire sort enfin de son silence après le revers électoral des européennes, et détaille un calendrier de travail jusqu'à "début 2011". Martine Aubry dit privilégier la préparation du projet à la réflexion sur les primaires, mais elle déclare toutefois que «ce sont les militants qui devront décider de cette question, je le souhaite, avant l’été 2010». L'architecture du projet passera notamment par un «tour de France des fédérations» à l'automne, puis d'«états-généraux» (sur la culture en novembre 2009), d'«assises» (des territoires, en décembre 2009) ou de «conventions» (la première en janvier 2010). En revanche, elle reste dans le flou au sujet des élections régionales.
PS: un petit séminaire pour une grosse crise
Le parti socialiste a tenu un séminaire de direction, mardi à Marcoussis (Essonne). Au programme, une série d'interventions d'experts de l'opinion, les premiers rendus du Laboratoire des idées, et une discussion autour du calendrier de travail à venir. Martine Aubry n'a pas fait d'annonce forte, maintenant sa ligne d'une renaissance du PS reposant sur le modèle rénové du parti de l'ère Lionel Jospin (1995-97). Avec le désir sans cesse réaffirmé de«être à nouveau aux côtés des Français».
Première crise à la direction du PS: Arnaud Montebourg menace d'en appeler aux militants
Dans le dernier numéro de sa lettre de la rénovation, que Mediapart révèle avant sa mise en ligne, le député et secrétaire national Arnaud Montebourg fait part de son irritation envers la direction socialiste, regrettant que «le parti hésite comme à chaque fois que, depuis dix ans au moins, il a dû constater les progrès de sa propre mise en crise». Remarquant qu'aucun débat sur le projet de primaires n'a été«programmé ni au bureau national ni à l’université d’été de La Rochelle», il dit songer en appeler aux militants face à«l’immobilisme systémique d’un parti devenu très vieux». Et compte mobiliser l'article 6.11 des statuts du PS, via une pétition militante, pour imposer une consultation directe des adhérents.
La «Maison commune» d'Aubry fait un flop à gauche
Souhaitée par Martine Aubry au lendemain de l'échec aux européennes, la «Maison commune» de la gauche apparaît fortement compromise après que Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche, qui privilégie une ouverture du Front de gauche au NPA) a dénoncé «le double jeu du PS», que Jean-Michel Baylet (PRG) a fustigé sa «tentation hégémonique», que ni le PCF ni Europe Ecologie n'envisagent l'accord de premier tour comme acquis dans la perspective des régionales de 2010, premier cas pratique pour l'union de la gauche, et alors que le NPA a été écarté d'office de l'appel.
Pourquoi Martine Aubry a choisi de taper sur les doigts de Manuel Valls
En rappelant le député et maire d'Evry à l'ordre, la première secrétaire du PS a voulu montrer qu'elle était capable de taper du poing sur la table. Et cela alors que les critiques et les impatiences internes à l'égard de sa gestion fusent de toutes parts. Si elle prend le risque de raviver les clivages du congrès de Reims, la maire de Lille mise sur une rupture avec l'ère François Hollande et sur la volonté des militants de surmonter les querelles intestines.
Ségolène Royal veut rester sur les côtés des polémiques socialistes
Les critiques pleuvent chez les cadres du Parti socialiste pour dénoncer l'autoritarisme de la première secrétaire. Et Martine Aubry n'a probablement rien arrangé en rappelant à l'ordre Manuel Valls. Sa rivale d'hier, Ségolène Royal, affiche ses distances avec les polémiques socialistes. Dans l'ombre médiatique, elle se «réapproprie» Edgar Morin et sa «politique de civilisation». Elle privilégie la réflexion avec Désirs d'avenir plutôt qu'à l'intérieur du PS, dont elle est devenue la représentante à l'Internationale socialiste. Enfin, elle prépare les régionales de 2010 où un succès la relancerait pour la présidentielle de 2012, et une défaite la priverait de toute assise électorale.
Les socialistes languedociens prépararent l'investiture de Frêche dans le dos d'Aubry
Dans la torpeur estivale, c'est un échange épistolaire entre le premier fédéral de l'Hérault, Robert Navarro, et les Verts de Languedoc-Roussillon qui révèle le pot aux roses: dans la tête des socialistes locaux, le président sortant de la région, Georges Frêche, sera le candidat du PS à sa réélection. Une pierre dans le jardin de Martine Aubry, qui a assuré que le sulfureux président de l'agglomération montpélliéraine, toujours exclu du PS, ne serait pas reconduit pour le prochain scrutin régional