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Publié par christian guittard

28 Juin 2009 Par  mediapart.fr (source et suite de l'article)





Depuis plusieurs mois, les éleveurs de Bavincourt vivent une période de vaches maigres. Dans ce petit village du Pas-de-Calais, situé à une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Arras, ils subissent, comme tant d'autres, la crise du lait. Le prix est bas, les jeunes agriculteurs ne s'en sortent pas, et surtout, ils ne voient pas d'issue au conflit.

 

 

 

A gauche, Florian, 22 ans. A droite, Guillaume, 30 ans.

 

A Bavincourt, 350 habitants, 300 vaches laitières, Guillaume, 30 ans, ne veut pas trop se plaindre. Bien qu'il soit à la peine. Actuellement, il gagne 1500 euros par mois, mais doit rembourser 1000 euros d'emprunts qu'il a contractés pour racheter à son père les terres et les machines en 2006. «Heureusement que ma femme travaille à côté. Sinon, ce serait impossible», explique ce très solide gaillard, qui s'est endetté sur douze ans.

 

Guillaume a pourtant la chance d'avoir repris une part de l'exploitation familiale au sein d'un GAEC (Groupement agricole d'exploitation en commun) de trois agriculteurs. Ses parents ont donc déjà fait les investissements nécessaires de remise aux normes il y a quelques années, ces mêmes investissements qui plombent aujourd'hui la plupart des jeunes agriculteurs.

 

 

 

 

A quelques kilomètres de là, ses amis Ludovic et Jacky, eux aussi installés depuis peu, subissent une situation identique. Jacky raconte:«On se dit que ce sera mieux l'année prochaine. Mais encore faut-il passer l'année. On a investi 300.000 euros. Je ne sais pas si on va pouvoir se tirer un salaire bien longtemps.»

«Les industriels n'attendaient que ça»

 

La faute à la chute du cours du lait. «Ce sont les conséquences du modèle agricole anglo-saxon appliqué à toute l'Europe, assure Mickaël Poillion, secrétaire général adjoint du syndicat Jeunes Agriculteurs et lui-même éleveur dans la région. Avant 2003, le prix du lait était stable car les quotas de production l'étaient. Il y avait une interprofession qui discutait, et permettait de prévoir. Ce n'était pas hyper-rémunérateur mais le métier attirait les jeunes car ils savaient où ils allaient.»

 

 

 

«En 2003, il y a eu la réforme de la PAC et le découplage des aides à la production. Dès lors, on a aidé les exploitations mais plus en fonction de la production. Certains se sont mis à produire une année des pommes de terre, une année autre chose. Cela a été la désorganisation complète et les industriels du lait n'attendaient que ça.»

 

Les quotas sont progressivement délaissés. La fin des stocks est décrétée. La production n'est plus planifiée, mais réévaluée en fonction des besoins, quasiment au jour le jour. Les producteurs de lait s'en trouvent déstructurés et affaiblis.

 

Car si 2007 et 2008 se révèlent de bonnes années, c'est avant tout parce que certains pays producteurs étrangers sont confrontés à des difficultés climatiques.

 

 

 

 

 

 

2009 marque toutefois la fin de la grande illusion. Les éleveurs, trop contents de pouvoir vendre leur lait à un bon prix et autorisés à accroître leur production de 15% (voir plus selon les situation locales), produisent à tout-va. Ils achètent des vaches. La volonté de l'Union européenne et du gouvernement français est claire: rendre le produit final moins cher. Seulement, à force de produire, les agriculteurs se mettent en grande difficulté. Car en période d'excédent, c'est l'acheteur qui fait le prix.

 

Il faut faire marche arrière. Les vieilles vaches sont bradées. Mais cela n'a pour effet que de dérégler un autre marché, celui de la viande, à son tour embouteillé...

 

Pour le syndicat des jeunes agriculteurs (un peu moins de 50.000 adhérents de moins de 35 ans), réputé plus proche de la FNSEA que de la Confédération paysanne, c'est donc la vision du marché qui est à revoir. Et pas uniquement les marges de la grande distribution, qui feraient office de bouc émissaire. «La grande distribution portant toute la responsabilité, c'est un mythe. Il y a à l'évidence une entente avec les industriels comme Lactalis ou Danone, qui refusent de nous dire à quel prix ils vendent aux hypermarchés», pointe Mickaël Poillion.

 

Une analyse partagée par la Confédération paysanne: «Le débat sur les marges, c'est de la gesticulation. Dire que des agents de la répression des fraudes vont surveiller les prix aussi. Placer un thermomètre n'a jamais fait changer la température. Ce qu'il faut, c'est revoir les termes de l'accord sur le prix du lait.» 
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Très intéressant!<br /> Toutefois, la baisse des quotas n’est qu’un subterfuge pour faire grimper artificiellement le prix du lait, lisez pour comprendre; http://www.unmondelibre.org/Bedard_Lait_060809<br /> Très intéressant! Merci!<br /> <br /> Toutefois, la baisse des quotas n’est qu’un subterfuge pour faire grimper artificiellement le prix du lait, lisez pour comprendre; http://www.unmondelibre.org/Bedard_Lait_060809
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