L'Elysée et Matignon vont accélérer les réformes à hauts risques
08 Juin 2009 Par mediapart (source et suite de l'article)

C'est la conséquence de la victoire de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) aux élections européennes, de la débâcle du Parti socialiste (PS) et plus généralement de l'émiettement de la gauche: l'Elysée et le gouvernement ont désormais la voie libre pour mettre en œuvre, dans les prochains mois, une cascade de réformes économiques et sociales à hauts risques.
Ces dossiers confinent au casse-tête pour deux types de raison. Dans certains cas, le gouvernement n'a pas voulu abattre ses cartes avant les élections européennes de peur d'inquiéter l'opinion. En d'autres, il a tergiversé ces derniers mois et hésité à rendre ses arbitrages, mais le temps passant, il va devoir bientôt trancher dans le vif. Pour cette double raison, le second semestre de cette année 2009 s'annonce très important dans le pilotage de la politique économique et sociale. Sera-t-il marqué par un infléchissement, avec à la clef la mise en œuvre de réformes impopulaires, sur fond de récession persistante et d'envolée continue du chômage?
Saluant lundi matin dans un communiqué le «succès» remporté par l'UMP, Nicolas Sarkozy a annoncé la poursuite des réformes en indiquant qu'il prendrait «dans les jours qui viennent des initiatives ouvrant de nouveaux chantiers». «La majorité présidentielle a remporté hier un succès. Les Français ont marqué leur reconnaissance pour le travail accompli pendant la présidence française de l'Union européenne et leur soutien aux efforts engagés par le gouvernement pour sortir d'une crise mondiale sans précédent», a indiqué l'Elysée. Avant d'ajouter: «Mais le président de la République sait les attentes des Français. Ce succès aux élections européennes commande d'aller plus loin. L'Europe doit changer. Les réformes doivent continuer. Le président de la République prendra dans les jours qui viennent des initiatives ouvrant de nouveaux chantiers.»
La formulation est volontairement elliptique. Car le chef de l'Etat n'a pas la franchise d'un Denis Kessler, l'ex-numéro deux du Medef, qui,dans une tribune publiée par Challenges, le 4 octobre 2007, définissait en ces termes ce que pourrait être la liste des réformes à engager par la droite: «C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la résistance.»
Il n'est pas difficile de dresser la liste de certains de ces «chantiers». En voici quelques-uns, qui ont tous pour point commun d'être politiquement très sensibles.