Les tours de passe-passe de la banque Oddo, impair passe et manque
20 jui 2008Par Martine
Orange www.mediapart.fr (source et suite de l'article)
Entre Charybde et Scylla. C'est à peu près le sentiment qu'ont certains clients de la banque Oddo & Cie après avoir reçu un courrier daté de fin juin les avertissant qu'ils auraient un
choix important à faire d'ici le 31 juillet. En substance, ces clients de fonds de trésorerie se voient signifier qu'ils peuvent soit vendre tout de suite leur position, à leurs risques et
périls, avec une perte incalculable à ce stade par rapport à leur mise initiale, soit bloquer leurs fonds pendant cinq ans, en espérant retrouver une meilleure fortune après ce laps de temps.
Annoncée par la presse économique - les Echos le 16 juillet, la Tribune le 17 juillet -, cette mesure apparaît comme la suite logique des mésaventures de la banque Oddo en juillet 2007. Prise dans la crise des subprimes, elle n'avait pu honorer la liquidité - c'est-à-dire les demandes de retraits et de remboursements de ces clients - dans trois fonds (Oddo cash arbitrages, Oddo court terme dynamique, Oddo cash titrisation) très investis dans ces produits de titrisation hypothécaire. Il lui avait fallu alors suspendre les remboursements, dans l'espoir d'un retour au calme. Un an après, il lui faut faire le constat : le marché des produits hypothécaires américains n'est pas prêt de redevenir normal. Il n'y a plus d'acheteurs, et la valeur des actifs est proche de zéro. Avec l'accord de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Oddo a donc décidé, pour en finir avec cette situation dangereuse, de proposer à ses clients soit un remboursement à la casse, soit un gel de leurs fonds en attendant. Une histoire financière logique en quelque sorte, rappelant que, sur les marchés, on ne gagne pas à tout coup.
Le problème est que tous étaient loin d'imaginer qu'ils prenaient de tels risques financiers en achetant les produits proposés par la banque Oddo. Par rapport aux actions, les Sicav de trésorerie sont pour l'essentiel des produits sûrs, utilisés par des particuliers et des entreprises pour placer leur excédent momentané de trésorerie, en attendant d'en avoir l'utilisation, un peu à la manière des ménages français qui ont recours au livret A. Personne ne leur avait expliqué que, pour doper les performances, la banque Oddo, comme tant d'autres, allait les agrémenter de produits dérivés issus des crédits hypothécaires américaines et autres junk bonds. Comment d'ailleurs le deviner ? Officiellement, sur les plaquettes de présentation, deux de ces trois fonds sont exclusivement investis dans la zone euro.
Le deuxième sujet est encore plus préoccupant : il semble que l'égalité de traitement entre les différents porteurs, qui est une des bases législatives de la gestion financière collective, n'ait pas été respectée. En clair, certains clients, certains fonds paraissent avoir été plus protégés que d'autres de la crise des subprimes, et la banque pourrait avoir volontairement choisi d'en préserver certains et d'exposer plus gravement aux risques d'autres.
Pour bien comprendre ce qui s'est joué, il faut revenir quelque dix-huit mois en arrière.
Mais en Décembre 2007,
Pour mieux servir ses clientèles patrimoniales,
La Banque Postale signe un partenariat avec ODDO et Cie
Pour mieux servir ses clients patrimoniaux et leur proposer une gamme renforcée
de produits et services répondant à leurs besoins spécifiques, La Banque Postale vient de nouer un partenariat avec Oddo et Cie.
Ce partenariat s’articule autour de la société Efiposte Gestion qui, à cette occasion, prendra le nom de « La Banque Postale Gestion Privée
» au 1er janvier 2008. Dans le cadre de ce partenariat, « La Banque Postale Gestion Privée », aujourd’hui entièrement détenue par La Banque Postale, ouvrira son capital à Oddo et Cie à hauteur de 49 %